Les erreurs forment la jeunesse

Clic! Oh, non! La vidéo de chat que vous destiniez à votre ami… vous venez de l’envoyer à tout le personnel, grand patron y compris.
On a tous déjà cliqué sur « Répondre à tous » par erreur. Il y a fort à parier, cela dit, qu’on n’a pas recommencé. C’est parce que faire des erreurs est crucial dans le processus d’apprentissage. Nos pires bévues, comme les envois massifs de courriels aux mauvais destinataires, restent longtemps imprimées dans notre mémoire. Mais même petites, les erreurs peuvent avoir une grande incidence sur la manière dont nous – et nos enfants – apprenons.
Loin de nuire, les erreurs favorisent l’apprentissage
À une certaine époque, les enseignants pensaient que les erreurs nuisaient à l’apprentissage. Ils croyaient que, si un élève apprenait une chose de la mauvaise façon, il serait incapable de la désapprendre et serait donc condamné à toujours répéter son erreur. C’est en fait le contraire. Plusieurs études montrent que les erreurs et leur correction en cours d’apprentissage mènent à une meilleure compréhension de la matière et favorisent sa rétention.
Une étude phare réalisée en 1994 a comparé les systèmes d’éducation des États-Unis et du Japon. Elle montre que les enseignants américains félicitent leurs élèves pour leurs bonnes réponses et ne se prononcent pas sur les mauvaises; de plus, ils ne leur expliquent pas pourquoi les bonnes réponses sont bonnes et pourquoi les mauvaises sont mauvaises.
Les enseignants japonais, en revanche, demandent à leurs élèves de résoudre seuls des problèmes, puis proposent des échanges en groupe sur les diverses réponses obtenues. Les élèvent apprennent ainsi pourquoi une mauvaise réponse est mauvaise, et pourquoi une bonne réponse est bonne. Grâce à ce travail de réflexion et à ce renforcement, ils retiennent beaucoup mieux la matière. L’étude conclut notamment que, si les élèves japonais sont plus forts que les élèves américains en mathématiques, c’est en grande partie parce qu’on les laisse faire des erreurs et apprendre d’elles.
La puissance de l’état d’esprit
C’est aussi en comparant deux états d’esprit diamétralement opposés qu’on comprend à quel point les erreurs sont des trésors. La professeure de Stanford Carol Dweck a réalisé d’importants travaux sur l’incidence de ce qu’on a convenu d’appeler en français « l’état d’esprit de développement ». Les personnes qui présentent cet état d’esprit comprennent que l’intelligence n’est pas fixée à la naissance, qu’elle se développe. Quant aux personnes qui ont un « état d’esprit fixe », elles pensent plutôt qu’il y a des gens doués et d’autres qui ne le sont pas, tout simplement. Cette théorie repose sur la science de la neuroplasticité et sa validité a été abondamment démontrée. Les élèves avec un état d’esprit de développement réussissent mieux tout au long de leurs études, même si des tests les plaçaient en retard sur leurs camarades à l’état d’esprit fixe au début de leur parcours scolaire.
Ces élèves voient les erreurs comme des occasions d’apprentissage. Une étude comparative d’enfants jouant à des jeux vidéo dans l’un ou l’autre des deux états d’esprit a mis en relief les différences entre eux. Après avoir fait des erreurs, les élèves avec un état d’esprit de développement amélioraient leurs taux d’exactitude. Ceux qui avaient un état d’esprit fixe ne réalisaient pas les mêmes progrès. Des études en classe ont produit des résultats similaires.
Plutôt que d’être honteux de leurs erreurs, les élèves à l’état d’esprit de développement en tiraient des apprentissages. Présenter les erreurs à un enfant comme autant d’occasions à saisir, c’est donc l’inviter à s’épanouir toute sa vie durant!
Les erreurs chez Kumon
Les erreurs occupent une place importante dans le programme Kumon. Chez Kumon, on n’enseigne pas aux élèves. Ceux-ci apprennent plutôt en toute autonomie grâce à des feuilles d’exercices soigneusement conçues. Ils suivent des consignes et étudient des exemples afin d’assimiler de nouveaux concepts.
Les erreurs font partie du cheminement. Peu d’enfants font une division longue ou simplifient une expression algébrique correctement du premier coup! Nos instructeurs sont très attentifs à la manière dont les élèves corrigent leurs erreurs. Ils s’en inspirent ensuite pour préparer les leçons et donner les devoirs.
Prenons l’exemple de Jérémie. C’est la première fois que Jérémie voit la soustraction en classe. À la première page, il n’a aucune bonne réponse. Quand ses feuilles d’exercices lui reviennent, il constate qu’il a additionné au lieu de soustraire. Il comprend son erreur et est en mesure de la corriger immédiatement.
Jérémie maîtrise clairement le concept et passera sans doute bientôt au prochain niveau. Si les élèves Kumon tendent vers la maîtrise de la matière qu’ils étudient, leur but n’est pas d’obtenir 100 % au premier essai. Apprendre de ses erreurs est plus important qu’atteindre la perfection. En fait, cette faculté en dit long sur l’élève et sur sa motivation.
Toutes les erreurs ne sont pas aussi traumatisantes que le fameux « Répondre à tous ». Mais chaque erreur est bel et bien une occasion de progresser et d’apprendre. La prochaine fois que votre enfant fera une erreur, restez zen! Félicitez-le de l’avoir corrigée et d’en avoir appris quelque chose. Votre intervention pourrait avoir plus d’effets que vous le pensez!